L’ISLAM
ET
LE SIGNE ZODIACAL DE LA BALANCE
« Sans
doute, le symbolisme n'est qu'un moyen, mais c'est un moyen dont l'importance
n'est nullement négligeable ; ce qui le montre bien, c'est qu'il est employé
partout sans exception. D'autre part, si ce que j'appelle les “sciences
traditionnelles” n'est qu'application des principes, donc quelque chose de
secondaire et de dérivé, il n'en est pas moins vrai que cela a aussi son
intérêt ; et il n'est pas possible de se tenir toujours exclusivement sur le
terrain de la métaphysique pure. Dans l'Inde et en Chine, ces sciences tiennent
aussi une place assez considérable. »*
René Guénon
Les six
directions de l’espace
« C'est
Lui qui a fait du Soleil une clarté et de la Lune, une lumière et lui a décrété
des Demeures afin que vous sachiez compter les années et calculer le temps. Allâh n'a créé cela qu'en toute Vérité. Il
dispose les signes pour les gens qui savent. » (Coran ; X, 15.)
L'application des coordonnées symboliques de la
science astrologique présuppose la connaissance du système astronomique. Dans
l'exposé qui va suivre, nous avons mis de côté toutes les explications
techniques relatives à ces deux aspects inclus par l’Astrologie traditionnelle.
René Guénon a développé à plusieurs reprises différents éléments de la
cosmologie appliqués au système zodiacal et il nous paraît par conséquent aller
de soi qu'un approfondissement de la cosmologie traditionnelle en général et de
l'Astrologie en particulier s'impose à toute personne intéressée par les doctrines
traditionnelles (1).
On peut symboliser le système astrologique par un cercle avec un point au centre.
C'est d’ailleurs avec ce signe que l’on représente le Soleil, utilisé également
pour désigner l'Or dans la tradition hermétique. A l’image de la manifestation
universelle, le centre du cercle est le Principe par lequel se déploie et
s'organise l'ensemble du système astrologique. Si l’on considère cette figure
selon la représentation à trois coordonnées que Guénon a exposé dans Le Symbolisme de la Croix, le point n’est
autre alors que la représentation principielle de l’axe vertical à partir duquel se déploient perpendiculairement
des droites horizontales : l’une quelconque de ces droites peut être envisagée
comme intégrant toutes les possibilités d’un cycle tel que le nôtre ; indéfiniment
extensible, elle se réduit à une circonférence correspondant dans l’application
spéciale qui nous concerne à l’Écliptique du système astronomique dont dépend l’Horizon
horoscopique du système de Domification (2). Pour actualiser effectivement la révolution
solaire sur l’Écliptique, le point central va s’affirmer par deux positions
simultanées du Soleil et produire la dualité que l’on va se représenter
par une première position au point vernal (à 0 degré du Bélier), et une seconde,
à son opposé, (à 180° sur le seuil de la Balance) (3). Nous obtenons alors une
bipolarisation définissant l’axe équinoxial qui reflète, en mode d’ampleur, le
principe transcendant figuré par l’axe vertical de la Croix, figuré analogiquement,
dans le système astrologique, par les solstices du Cancer et du Capricorne.
L'axe
reliant les deux pôles équinoxiaux est la première détermination directionnelle
qui a pour fonction de mesurer l’espace effectué par l'astre solaire suivi des six
autres planètes du système (4). La pérégrination perpétuelle des planètes sur l’Écliptique
est donc inaugurée par l'axe Bélier-Balance et s'achève avec l'axe Vierge-Poissons,
intégrant un cycle complet. Les six axes reliant deux à deux tous les Signes constitutifs
du Zodiaque incluent, en degrés, toutes les positions du Soleil dont nous pouvons
aussi nous représenter simultanément la totalité des positions, soit une
variation continue faisant apparaître un “faisceau de lumière”, dont la figuration
discontinue en 360° représente le fondement de la science astrologique (5). Les
six axes inclus par ce cycle, se composent de deux Signes zodiacaux opposés et
complémentaires ; chacun représente un aspect qualitatif particulier dont l’ensemble
détermine la succession de toutes situations conditionnant les états d’une existence
individuelle.
Le
parcours solaire sur l'Écliptique se déroule par conséquent en douze périodes qualifiées
selon la hiérarchie des trois règnes, minéral, végétal et animal (l’état humain
en étant la synthèse), en correspondance avec la “cadence” des “trois
mouvements” du mode temporel et des « six Directions de l’espace » (6).
Mohydin Ibn'Arabî rapporte dans son traité 'Uqlat al-
mustawfiz :
« Le premier
Ange que Dieu a créé est conforme à la Balance, et la nature de sa Maison, qui
est sa part dans cette sphère, est Chaude et Humide. [Dieu] l'a investi du Pouvoir
dans le monde de la formation durant six mille ans, puis il a fait transiter (yantaqilu) le Pouvoir (al-hukm) vers un autre [de ses Signes] jusqu'à ce qu'il
revienne à lui. Il reste connu [durant cette période] et il s'agit de la
première sphère qui s'est tournée (dâra)
dans la condition temporelle et dans laquelle commença “les jours” [non encore
distingués] par le Jour et la Nuit. Le premier mouvement du Temps commença dans
cette sphère et celle-ci a d'ores et déjà tourné au temps du Prophète (Sur lui
la Grâce et la Paix) - et c'est pour cette raison que l'Envoyé de Dieu (Sur lui
la Grâce et la Paix) a dit : Certes, le Temps a tourné et est revenu à sa Forme
première au jour où Dieu l'a créé, et Il a placé dans les mains de cet Ange
Généreux (al-karim) (7) la clé de la
création des états transitoires et des modifications et [qui est celle] du
temps dans lequel Dieu a créé le Ciel et la Terre et dans lequel il fit
apparaître (pour la première fois la succession “ahdatha”) les nuits et les jours, et il est Mobile (8).
Le
deuxième Ange est conforme au Scorpion (9) dont la Maison Froide et Humide est
sa part dans cette sphère. Dieu l'a investi de Son Pouvoir dans le monde de la
formation durant cinq mille ans pour chacun de ses cycles. Dieu a placé dans
ses mains la création du Feu (infernal) et il est [un Signe] Fixe.
Le troisième Ange
venant ensuite est conforme au Sagittaire dont la Maison Chaude et Sèche est sa
part dans cette sphère, [Dieu] l'a investi du Pouvoir dans le monde de la
formation durant quatre mille ans pour chacun de ses cycles et il est l'ange Généreux
qui détient dans ses mains les brides des Corps de Lumière et de Ténèbre et Il
[Dieu] a déposé dans ses mains la clef de la création des plantes.
Le quatrième Ange
que Dieu a créé est conforme au Capricorne dont la Maison Froide et Sèche est
sa part dans cette sphère. Il l'a investi du Pouvoir dans le monde de la
formation durant trois mille ans et cet Ange est Mobile (Cardinal), et Dieu Le
Très Haut a placé dans ses mains la clé de la nuit et du jour.
Le cinquième Ange
que Dieu Le Très Haut a créé est conforme au Verseau et il a rendu Chaude et Humide
la nature de sa Maison qui est sa part dans cette sphère. Il a instauré sa
souveraineté pour un cycle de deux mille ans. Il est l'ange Généreux, Fixe, [et
il a comme vertus] Patient et Vénérable. Il [Dieu] a placé dans ses mains la
clé des esprits.
Le sixième Ange
que Dieu a créé est conforme au Poisson et il a rendu (ja'ala) Froide et Humide la part de cette sphère. Il
[Dieu] a instauré son cycle pour mille ans et lui a donné la direction des Corps
lumineux et ténébreux en partage avec l'Ange de ces Corps et il a placé dans
ses mains la clef de la création des animaux.
Le septième [Ange]
que Dieu a créé est conforme au Bélier et il a fait en sorte que cette part,
dans cette sphère, soit Chaude et Sèche et a instauré son cycle pour douze
mille ans. Cet Ange est Mobile (Cardinal) et [Dieu] a placé dans ses mains la
clé de la création des accidents et des formes.
Le
huitième Ange que Dieu-Le-Très-Haut a créé est conforme au Taureau. Il [Dieu] a
fait en sorte que sa part dans cette sphère soit Froide et Sèche et il a
instauré son cycle pour onze mille ans. C'est un Ange qui possède [comme vertu]
la Patience
et la Vénérabilité
(hîbah), et lui revient l'acte du
Samarî qui “fabriqua” (‘amala)
le veau et crut voir en lui [lorsqu'il le vit] le Dieu de Moïse (sur lui, La Paix) (10), ainsi qu'il est
dit dans un long hadîth, mais ce n'est pas le lieu d'en parler. Il [Dieu] a
placé dans ses mains la clé de la création du Paradis et de l'Enfer.
Le neuvième Ange
que Dieu-Le-Très-Haut a créé est conforme aux Gémeaux (taw'amaîn). [Dieu] a placé sa part dans cette sphère Chaude
et Humide, et a instauré son cycle pour dix mille ans. Il a [l'Ange] en
partage, [la Régence] avec l'Ange des Corps (al-ajsâm),
et [Dieu] a placé dans ses mains la clé de la création des métaux.
Le dixième Ange
que Dieu-Le-Très-Haut a créé est conforme au Cancer. Il a déposé sa part dans
cette sphère Froide et Humide et Il [Dieu] a instauré son cycle pour neuf mille
ans et cet Ange est Mobile. Et Il [Dieu] a placé dans ses mains la clef de la
création du monde (al-dunya).
Le onzième Ange
que Dieu-Le-Très-Haut a créé est conforme au Lion. Il [Dieu] a déposé sa part
dans cette sphère Chaude et Sèche et il a instauré son cycle pour huit mille
ans. Il est l'Ange Généreux et il possède [comme vertu] la Patience et la Vénérabilité (hîbah) qui l'élève.
Le douzième Ange
que Dieu-Le-Très-Haut a créé est conforme à la Vierge. Il [Dieu] a déposé sa
part Froide et Sèche et a instauré son cycle pour sept mille ans. Il [le
douzième Ange a sa part] a en partage avec l'Ange des Corps et il a en propre
plus particulièrement [la gestion] des corps humains. Ainsi, le monde de la Formation
est terminé ».
Titus
Burckhardt voyait dans les douze fonctions angéliques autant de correspondances
devant être comprises à partir des reflets du terrain intellectuel dans la
nature du cycle selon la perspective cosmogonique des trois mondes. Il expliquait
que l'orientation spirituelle régissant le ternaire, à savoir le monde
supérieur et inférieur selon la verticalité, concerne les Signes fixes ; que le
développement des états et des modalités spatiales et temporelles du monde
concerne les Signes cardinaux (mutaharrik)
et qu'aux Signes mutables (ou doubles) reviennent les différents règnes
naturels ; métaux, plantes, animaux et enfin l'homme qui en représente la
synthèse. L'auteur précisait que les quatre Signes mutables synthétisent l'immutabilité
spirituelle et l'expansivité psychique dans le composé humain (11). Leur
caractère commun est la capacité de transformation nécessaire au passage vers
la triplicité suivante selon la modalité de leurs éléments respectifs. Ils
conditionnent l'ensemble des trois règnes totalisant de cette façon toutes les
possibilités du monde des archétypes (12).
L'énumération
des douze “Tours zodiacales” (burûj)
(13) s’ordonne dans le texte d'Ibn ‘Arabî à partir du premier Ange qui est celui
de la Balance ; c'est par la détermination cardinale de celle-ci que la
condition temporelle de notre cycle va en mesurer l'espace et le délimiter.
Cette qualification temporelle et spatiale opère sa régulation sur les états et
les modifications transitoires que l'être sera amené à affronter durant son
séjour terrestre. L'axe équinoxial représente donc le plan de réfraction des
réalités supérieures pour notre condition spéciale dans ce monde (14).
Le
principe de la distinction du cycle nocturne et diurne réfère au “système
lunaire” qui a son origine astronomique dans le secteur de la Balance : Le
temps cyclique de la Balance est évalué à 6000 ans, c'est-à-dire à la valeur
six, moitié des 12 (mille années) que totalise le signe du Bélier (15).
Le
départ du cycle zodiacal à partir de la Balance n’est généralement guère compris. Il
suffit pourtant de considérer l'Unité fondamentale sous le rapport de son
affirmation ontologique : tout en demeurant indépendante, comme nous
venons de le voir, elle se projette simultanément dans la complémentarité
bipolaire de ce premier axe équinoxial (Bélier-Balance), ce qui équivaut à l'équilibre
parfait de la Possibilité
universelle reflété dans l'ordre manifesté. Envisager cet axe cardinal à partir
de la Balance
signifie envisager l'Unité (ahadiyyah) à la fois en tant qu'elle occupe symboliquement
l’“Invariable milieu” par rapport aux douze Signes (en relation avec les
révolutions planétaires), et, également, de ce fait, en tant qu'elle contient
arithmétiquement tous les nombres de la série, soit la mesure des 360 degrés du
“cercle écliptique” servant de base pour évaluer un grand cycle tel que celui
de notre monde (16).
Par
ailleurs, si l’on envisage le parcours de l’ensemble du cycle commençant avec
le Signe du Bélier, le passage dans la
Tour zodiacale de la Balance coïncide avec le “seuil décisif” séparant la Réalisation ascendante
(17) de celle des “Grands Mystères” (18).
Ainsi,
les “secrets” de la 28ème demeure (précédant immédiatement la Balance), apparaissent nettement
comme significatifs du “Sceau de la
Sainteté mohammadienne” et de la fonction du Mahdî qui préfigurent la “Descente spirituelle”
d’un nouveau cycle. Sous cet autre rapport, ce mouvement cyclique,
métaphysiquement unique, procède de deux aspects, conformes au Signe du Poisson
pour la fin d'un cycle, et au Signe du Bélier, pour l’inauguration d’un
nouveau.
Voici pour eux un signe : la nuit dont nous
dépouillons le jour comme on retire une peau. Ils sont alors dans les ténèbres.
Le soleil qui chemine vers son lieu de séjour habituel : tel est le décret du
Tout-Puissant, de celui qui sait. La lune à laquelle nous avons fixé des
demeures jusqu'à ce qu’elle revienne semblable à la palme desséchée. Le soleil
ne peut rattraper la lune, ni la nuit devancer le jour, chacun d'eux court sur
son orbite. »
Coran ;
XXXVI, 37 à 40.
Considérations ésotériques sur le Signe zodiacal de la Balance
Dans la cosmogonie islamique, le Ciel des Tours
zodiacales, (falak al-burûj) se déploie immédiatement au dessous du Piédestal divin (falak al-kursî). Il
représente le principe formateur des douze Clefs (19) permettant
ainsi que nous venons de le voir, l’activité des déterminations attributives
sur l’ensemble des éléments du système astrologique. Il comprend le Ciel des fixes (falak al-manâzil), c'est-à-dire le Zodiaque des constellations, l’ensemble des constellations, c’est à dire
le étoiles fixes (20), et les
autres “Cieux”
actualisés par les révolutions des sept planètes, et enfin, la dernière sphère
qui est le lieu terrestre (al-‘ard), centre de l'univers
identifié au Cœur du monde.
Parmi les douze Signes du Zodiaque, quatre d’entre eux sont
cardinaux en raison
de leur correspondance avec les quatre directions spatiales, conformément à la la
croix des éléments ; ils sont suivis, respectivement
et successivement, par les Signes fixes et les Signes mutables composant quatre rythmes en
trois Mouvements (haraqât) (21).
Si l’on envisage un cycle tel que celui qui s’achève actuellement pour notre humanité, le Bélier (hamel), en tant que Feu
primordial, en
représente l’origine et le Principe
créateur. En opposition au “point
vernal”,
c'est-à-dire au premier degré occupé par ce Signe, se situe le premier degré de la Balance qui
rétablit l’équilibre rompu par l’“Élan
vital”
du Bélier. C’est pourquoi
la tradition lui attribut l’“Équilibre” et la “Temporisation” ; son élément est l'Air, de
nature Chaude et Humide, alors que le Bélier est signé par le Feu, de nature Chaude et Sèche. Ils partagent la qualité active (fa‘ilun), c'est-à-dire la chaleur, mais s’opposent par contre sous le rapport de la qualité passive (mufa‘ilun) propre à la Balance, à savoir l'humidité. La nature humide, en effet, est expansive tandis que le Sec est contractif. À l’opposé de la
chaleur séche du Bélier, la fonction réceptrice et diffusive de l’Air Humide, procure
à cette Tour zodiacale la complémentarité propre à sa position temporelle.
Il faut considérer maintenant que l’“Équilibre”
et la “Temporisation”
sont les caractéristiques premières par lesquels s'expriment la Justice et la Paix : selon Ibn ‘Arabî, la mission du Prophète Mohammad (‘a s)
coïncide avec le Temps zodiacal de mîzân
(la Balance) (22), où, le nom divin al-Zahîr (l’Apparent) se
retrouve conjoint au Nom divin al-Batîn (le Caché), conformément aux qualités divines inhérentes aux
caractéristiques de ce Signe, dans lequel trône Vénus (zhurah) –l’Apparent–, de nature chaude et humide, et où Saturne (zuhl) –le Caché–,
de nature froide et sèche, y est en “Exaltation” (23).
Par son caractère
synthétique et sa situation médiane, la Balance s’accorde avec l’avènement du
Sceau de la Prophétie, l'accomplissement de la Loi divine jusqu'à la fin de ce
monde intégrant toutes les expressions métaphysiques des formes traditionnelles
antérieures. Sous le rapport des qualités élémentaires, la nature réceptive de
l'humidité et diffusive de la chaleur propre à l'élément Air, s’accorde avec la spécificité intellectuelle de la umma ;
tout cela est mentionné dans le chapitre 12 des Futûhât al-Mekkiyyah dans lequel Ibn ‘Arabî, en parlant
du Prophète Muhammad (‘a s),
nous dit :
« (...) Lorsque sa manifestation est apparue sous
le Signe de la Balance (buruj al-mîzân) qui exprime l'équilibre dans le monde (kawn) et est facteur d'harmonie en raison de ses
qualités chaudes et humides, elle s'est placée sous le statut lié à la “Vie
dernière” (al-Akhir) jusqu’à l'entrée du Paradis et de l'Enfer. C'est
pourquoi, la science dans cette communauté (umma) est plus importante que celles des précédentes. Il
a été donné à Muhammad, (que la Grâce et la Paix soient sur lui) la science des
Premiers (al-Awalîn) ainsi que celles des Derniers (al-Akhirîn), car, c'est à cela que conduit la vérité
essentielle de la Balance. Le dévoilement (kashf) y est spontané (isra ') par rapport à ce qui était, sous la domination du Froid
et de la sécheresse, dans le déroulement des communautés qui nous ont
précédées, même si les êtres intelligents et les savants différaient de ceux
d'aujourd'hui (...) ».
Selon la
ligne d’horizon, la course diurne du Soleil, partie du Bélier et ayant atteint
le trentième degré de la Balance (correspondant au couchant dans le cycle de 24 heure), symbolise le
temps cyclique des traditions antérieures à l’avènement de l’Islam en raison du
“bilan” donné par l’achèvement du parcours de l’arc diurne (24). Après le coucher du Soleil, l’astre lunaire devenant visible apparait au-dessus de la ligne
d'horizon (représentée ici par l’axe des équinoxes).
Le Soleil, quant à lui, va parcourir l'autre
hémicycle (nocturne) jusqu'à son terme au delà duquel se remanifestera
un nouveau cycle. Selon l’interprétation du shaykh
al-akbar, il y a lieu de comprendre ici l’effet d’une véritable “transmission de Lumière”, de l’astre solaire vers l'astre
lunaire. Cela confirme la réception des sciences traditionnelles et du savoir des Anciens dans
ce “lieu central” qui va être
l’objet d’autres considération concernant à présent le cycle lunaire (25).
L’une des applications symboliques
de ce septième Signe, par son opposition et sa complémentarité avec le Bélier (26), est
d’exprimer le principe des “réactions concordantes” ; sa “Forme” se
caractérise par les deux attributs de Justice (la justesse de la Vérité, al-Haqq),
et d’Équilibre : dans les systèmes de Domification, ce septième Signe correspond
analogiquement à la Maison
VII (27) dont les significations principales sont : les
associations, les contrats, le mariage, les conflits, la guerre ;
c'est-à-dire pour l’essentiel, tout ce qui est en rapport avec les diverses
significations du terme jihad, que ce soit précisément, la “guerre juste”,
ou encore, les efforts à déployer en vue d’entretenir les liens nécessaires
pour une relation spirituelle et substantielle avec le monde (28).
Le partage du Ciel en douze Maisons
est défini par l’axe reliant le Zénith au Nadir, qui détermine l'Horizon :
il représente analogiquement l’axe vertical de la Croix sur lequel sont
coordonnés hiérarchiquement tous les degrés correspondant à l'ensemble des
possibilités de la manifestation. En projetant les quatre directions spatiales,
la possibilité développée par notre monde se manifeste principiellement par l’Équilibre
de la Justice
divine. Elle rend légitime, par là même, l'expression de l'Ordre et de la Paix. Le chemin de la Lumière divine (al-sabi-Llâh)
est en relation directe avec cet axe vertical dont l'essence constitue, pour les
combattants dans la voie d’Allâh (fî sabi-Llâh),
la “petite voie” (tariqa). Pour l’initié, l’ensemble
de ses degrés, doit faire directement l’objet d’une prise de conscience
effective de son être et de sa dépendance au “Commandement divin” (amr) (29).
Dans le Coran, le terme al-sabil (la voie étroite) est généralement mentionné
en relation avec le jihad (30) ainsi qu'il est dit dans ce verset :
« Dis : Si vos pères, vos fils, vos frères, vos
épouses, votre clan, les biens que vous avez acquis, un négoce dont vous
craignez le déclin, des demeures où vous vous plaisez, vous sont plus chers que
Dieu et son Prophète et la lutte
dans le chemin de Dieu : attendez-vous à ce que Dieu vienne avec son
Commandement. Dieu ne dirige pas les gens pervers ».
(Coran ; IX, 24.)
L'axe vertical réfère
astronomiquement à l'axe polaire dont parle Guénon lorsqu'il envisage les Directions
de l'espace et ceci nous amène à considérer, toujours du point de vue des données
astrologiques, d'autres aperçus se rapportant au Signe de la Balance, mais
envisagés par rapport au cycle lunaire, particulièrement déterminant dans le
temps cyclique de l'Islam.
Considérons cet “Axe immuable”,
non plus sous l'aspect d'une droite coordonnant horizontalement une succession
de plans se rapportant aux falak, mais par un point, situé hors de l'espace et du
temps, à partir duquel va se développer le cycle soli-lunaire.
Astrologiquement, ce point correspond à la conjonction exacte du Soleil et de la Lune, conjonction rigoureusement
impossible du point de vue astronomique (31).
Chacune des 28 Demeures (manazil)
se partage in modus aequalis les 360° du parcours
solaire recouvrant 12°51’26’’ soit environ un peu plus du tiers d’un Signe.
Cette position des Demeures, comptée à partir du point vernal, reçoit par
superposition les 28 Maisons (buyût)
qui se meuvent quant à elles en 28 cycles lunaires d’environ 24 heures autour
de chaque Nouvelle lune en suivant la course
annuelle du Soleil. Ces Maisons (inégales entre elles contrairement aux
Demeures) se rapportent au flux continuel des événements conditionnés par
l’existence. Leurs caractéristiques sont en correspondance avec les modalités
de l'immanence dans le même rapport analogique que les Maisons de l'astrologie
solaire à l'égard des Tours zodiacales (32).
Pour terminer, nous allons aborder
brièvement les significations cosmologiques et métaphysiques de la 14ème Demeure
dont le dernier degré coïncide avec le premier degré du Signe de la Balance. Comme
nous l’avons déjà vu, le point central produisant l'axe équinoxial figurant
l'horizon détermine le point vernal, simultanément au point équinoxial opposé.
C'est sur cet axe que s'achève la course solaire de l'arc diurne, liés
précisément au terme de la 14ème Demeure (33). La
situation critique, si l'on peut dire, de celle-ci est par conséquent représentative
du pouvoir de séparation des deux
arcs, diurne et nocturne (manifestant le jour et la nuit, le masculin et le
féminin, le lumineux et l’obscure etc.), rendant encore plus manifeste
l'assimilation de ce lieu céleste au Pouvoir divin (al-hukm al-ilahi) qui
ordonne secrètement le monde. Car, en effet, cette Demeure (al-simak) occupant les 12 derniers degrés de la Vierge (sunbulah), par sa
station déterminante, introduit les premiers degrés de la Balance. Outre son
rapport avec le couchant (maghreb), cette 14ème Demeure
coïncide également avec le début de la Pleine lune, période durant laquelle, selon
l'astrologie arabe, cet astre de nature humide revêt les caractéristiques de la
chaleur due à son maximum d’éclairement (34), ce qui
est conforme comme nous venons de le voir, aux données élémentaires de la Balance. Il est
remarquable que cette 14ème Demeure, par sa situation intermédiaire
entre le diurne et le nocturne, corresponde au quatrième Ciel, la Demeure d'Idriss, au Cœur
du monde, au nom divin al-Nûr et à la
lettre nûn, qui a la valeur 50, ce qui
souligne encore l'importance de ce secteur situé non seulement au milieu des
Mondes mais également au milieu du Temps (35).
Nous achèverons ces
quelques aperçus par le fait symbolique suivant : À considérer le tracé du
parcours solaire à partir du 0° Bélier jusqu'à son point opposé, nous obtenons le
demi cercle de l’arc diurne correspondant au temps cyclique
des « communautés ayant précédé l'Islam » c'est-à-dire au tracé
de la lettre na occupant le quatorzième
rang dans l'alphabet sanscrit mentionné par Guénon ainsi qu’au nûn (supérieur et lumineux) de l’arc
diurne dont parle Ibn ‘Arabî (Fut., chap.30).
Si nous
envisageons maintenant le passage du Soleil et sa «rentrée dans la poitrine du temps» par la Tour équinoxiale de la Balance,
coïncidant à l'avènement de l'Islam par le Sceau des prophètes, Mohammad (‘a s), nous voyons se dessiner la
lettre nûn autour de son centre immuable, à partir
des 180° de la Balance jusqu'au 360° du Poisson, conformément à sa situation
nocturne et réceptive, mais éminemment active du point de vue ésotérique. Si
l'on considère l'axe par lequel cette 14ème Demeure est projetée sur
le cercle zodiacal, nous obtenons, en le prolongeant au-delà du centre, le point
opposé correspondant au terme du tracé de la lettre nûn qui recouvre, à partir de la Balance tous les Signes
jusqu’aux douze derniers degrés du Signes des Poissons (hût) correspondant à la 28ème et dernière Demeure. Cet axe se distingue de l’axe des Équinoxes (0°
Bélier - 0° Balance), qui a sous-tendu l'ensemble de notre développement
jusqu’ici, et réfère à des réalités spirituelles, subtiles et eschatologiques. Le
“Pouvoir” déterminant de la 14ème Demeure, relativement au “Temps”
de la Balance, et celui non moins déterminant du rapport analogique de cet axe avec la situation de cette ultime Demeure
lui procure une porté symbolique en relation directe avec le Sceau de la Sainteté
Muhammadienne et la venue du Mahdi (‘a s).
Les significations générales attribuées aux manazil
prennent un sens particulièrement précis dans la perspective de la
réalisation spirituelle, et, en vertu de la correspondance entre le
Macrocosme et le Microcosme, le transfert de la lumière effectué par l'astre
nocturne sur les 360° de la Sphère actualise les
ouvertures spirituelles pour chaque degré considéré en mode distinctif. Le Jihad al akbar concerne,
en effet, l'orientation de tous les actes de l'initié durant son existence terrestre
selon le décompte des minutes, des heures, des jours, des nuits, des semaines
et des quinzaines contenus dans le mois lunaire :
« Sache que le mois (Shahr), ici du point de vue essentiel, est le serviteur
parfait (al-‘abdu al-Kâmil). Lorsque
la lune qu'Allâh a
disposé comme une lumière, et à laquelle il a donné un Nom parmi ses Noms, se
déplace, c’est Allâh qui est
visé (al-murâd) et non
le corps [céleste] de la lune. Ainsi la lune en tant que corps (jurm) est un lieu de manifestation du Vrai (Haqq) dans le Nom la Lumière (an-Nûr) qui court ainsi dans les Demeures
de son serviteur [C'est-à-dire dans le mois lunaire ( shahr)] limitées au nombre de vingt huit » (36).
(Ibn
‘Arabî, Fut.,
chap. 71.)
Nous avons tenté
de montrer le bénéfice que l’on peut tirer de la
cosmologie contenue dans la gnose akbarienne et la nécessité, à cette fin, d’une
connaissance générale de l’astrologie. Il est évident que le Ilm al-nujum, comme toute
science traditionnelle devient un jeu stérile pour l’imagination individuelle
et un facteur supplémentaire de confusion dés lors qu’il n’est plus appliqué
selon la rigueur infaillible du point de vue métaphysique. Pour ce qui nous
concerne, la généralisation actuelle de son utilisation dévoyée ne constituera jamais
une raison suffisante pour négliger cet antique Savoir en le délaissant aux “spécialistes“ et autres farfelus qui n’en retirent
rien de vraiment profond.
*Extrait de la correspondance.
NOTES
(1)
Le point de vue qui va être développé ici concerne la cosmologie et plus
particulièrement le plan astrologique proprement dit. « …tout ce qui est
dit théologiquement des anges peut être dit métaphysiquement des états
supérieurs de l’être, de même que, dans le symbolisme astrologique du moyen
âge, les “cieux”, c’est-à-dire les différentes sphères planétaires et
stellaires, représentent ces mêmes états, et aussi les degrés initiatiques
auxquels correspond leur réalisation. » (L’Ésotérisme de Dante, pp. 10 et 58-61).
L'utilisation du système astronomique selon
des intentions prédictionnelles, relève de ce que l’on devrait appeler
l“astromancie” et n’a donc pas à être pris en considération pour la présente
étude. Nous recommandons à toutes fins utiles les Clés spirituelles de l'astrologie musulmane
de Titus Burckhardt, 1983 ; également : Métaphysique de l'Astrologie de
Daniel Giraud (Veyrier, Paris, 1990); Enfin, l’ouvrage de l’éminent savant
Abdelbaqî Meftah , Les clés
ontologiques et coraniques des Fuçûs al-Hikam (trad. D. Tournepiche), Ed. Arma
Arthis, 2011.
(2)
L’écliptique est une bande large d’environ 30 degrés sur laquelle toutes les
planètes du système solaire effectuent leurs révolution, déterminant la mesure
et le déroulement de tous les cycles, du plus grand, telle que la Précession
des équinoxes intégrant une révolution complète des 360 degrés du Zodiaque, au
plus petit, qui se trouve compris dans les 28-29 jours d’une révolution
lunaire. Nous laissons de côté le cycle de 24 heures qui n’est mesuré que par
la seule rotation des directions spatiales (Ascendant-Descendant /Milieu
du Ciel-Fond du Ciel).
(3)
Le point central dans notre représentation demeure immobile et indépendant du
cercle qui devient le lieu astronomique (ou l’écliptique) sur lequel les
planètes du système vont effectuer leurs révolutions.
(4)
C'est-à-dire, exprimé dans le mouvement de la production des Signes : Les
trois axes, successivement, Cardinaux, Fixes et Mutables sont mis en relation
par Burckardt avec le Mondus imaginalis,
Ibid.
(5)
La progression d'un degré sur le “cercle écliptique” correspond à environ 48 heures, selon la variation du pas
solaire.
(6)
« …l’être a vers son extérieur six côtés (correspondant aux six directions
de l’espace dont il occupe le centre), et le nombre six possède la perfection
car il est le premier nombre parfait (de la série des nombres entiers) parce
que son sixième, son tiers et sa moitié font six (autrement dit, ce nombre est égal à la somme de ses diviseurs : 1 + 2 + 3 =
6)… », Futûhat (chap.
362) ; cité en note par Michel Vâlsan dans sa traduction de l’Épitre sur les facettes du cœur, d’Ibn
‘Arabî (Risâlah fî awjuhi-l-qalb).
(7)
al-Karîm
signifie à la fois noble et généreux.
(8) mutaharrik :
Mobile, c’est à dire qui se meut par lui-même ou encore Cardinal. Dans le
texte, ce terme qualifie l'Ange selon la Forme de la Balance.
(9)
La formulation en arabe est simplement : « Le deuxième Ange que Dieu
a créé est sur le Signe du Scorpion », c'est-à-dire qu'il régit ce Signe.
Nous avons traduit par l'Ange selon la forme de... suivi du Signe en question.
(10)
Il y a ici une allusion au processus de l'identification de l'être avec la
manifestation, ce qui est conforme à la signification cosmogonique du Taureau.
(11) Ces
Signes sont, pour l'Air : les Gémeaux ; pour la Terre : la
Vierge ; pour le Feu : le Sagittaire et pour l'Eau : les
Poissons ; voir Les clefs de l'Astrologie
musulmane, Ibid. et L’Oeil du Cœur, F. Schuon,
ch. III « Al-Nûr », Paris 1950.
(12)
L’ “Imagination créatrice” est rendue possible par le mode mutable qui se
rapporte à la capacité plastique du Mondus
imaginalis .
(13)
Les différentes versions en français du Coran commettent toutes la même
imprécision au sujet de la Sourate 75, al-burûj, en traduisant par Les Constellations ce
qui est spécifiquement nommé “Les Signes zodiacaux” (buruj). Les constellations, par
ailleurs, ne désignent pas exclusivement le “Zodiaque
des fixes”.
(14)
Par ailleurs, Allâh a “lancé” les cycles diurnes et nocturnes
dans le “Temps de la Balance”,
« En arrachant la nuit du jour comme on arrache une peau, jetant ainsi les
ténèbres comme un voile. » (Coran ; XXXVI, 37) : L’axe
équinoxial représente le degré (dans la hiérarchie des degrés de l’Être) par
lequel le “spectateur” s'éprouve dans
le “spectacle”, selon l'expression de
l'Advaîta-Vêdânta. Dans un thème
horoscopique, l’Ascendant est en correspondance avec le “Feu originel” du Bélier et signe la tendance générale de la
personne, son caractère, ses inclinaisons, tandis que le Descendant, situé au
pôle opposé, est en correspondance avec la Balance et représente l'altérité
objective ainsi que tout ce qui se rapporte de façon générale aux relations
entretenues avec le plan mondain.
(15)
Si l'on ajoute à ces douze mille années symboliques, successivement, les
onze mille du Taureau, les dix mille des Gémeaux et ainsi de suite jusqu’aux
mille des Poissons, nous totalisons 78 000 années, soit environ trois
Précessions des équinoxes. Rappelons que, selon la théorie des cycles, une
Grande Année est de 12960 ans et que le Manvantara en contient cinq. La durée
du cycle des douze burûj selon Ibn 'Arabî correspond
approximativement au total de six Grandes Années, c'est-à-dire 77760 ans. Par
ailleurs, la régression progressive de mille années par signe indique nettement
l'accélération progressive du temps durant le déroulement cyclique.
(16) Ceci illustre l'intégration naturelle
du domaine exotérique à la réalité métaphysique de l’ésotérisme. Du point de
vue métaphysique, il n’existe en effet aucune séparation formelle comme dans
les conditions propre au “discontinu”
caractérisant la “condition corporelle” de notre monde et l’exposition logique
de toute doctrine et de tout système.
(17) Du point de vue métaphysique, la réalisation spirituelle
n'est ni ascendante, ni descendante ; elle est Une, Indivisible et Absolue, c'est-à-dire
Universelle. Elle se saisit directement elle-même par elle-même et son
effectivité est immédiate, sans association (shirk) et “demeure” non localisable. De même que “le Ciel du Soleil” est situé au centre des sphères (aflâk), de
même, la Lumière (al-nûr)
reçue et portée par la Lune, symbolisant le Principe, “demeure” immobile
dans “le Coeur secret du Seigneur des
mondes” (le Mystère des mystères, sir al asrâr). La réalisation de
l'identité suprême ne se présente donc, selon les deux phases, ascendante et
descendante, que relativement à notre condition spéciale de “voyageur” (sulûk) ; de la même façon, le soleil semble se lever
ou se diriger vers son couchant que par rapport à la position que nous
occupons actuellement dans notre espace local.
(18)
Selon l'historien Julien, les grands mystères étaient célébrés vers l'équinoxe
d'automne, lors du passage du Soleil dans la Balance. Quant aux petits
mystères, ils avaient lieu vers l'équinoxe de printemps (alors que le Soleil
transite dans le Bélier) :
« Il
est juste de rendre un culte solennel au dieu qui s'éloigne et de lui demander
qu’il nous préserve de la puissance impie et ténébreuse » ; Julien contre Heraclius, p. 75, note 28 et p. 68,
note 12 ; Sallustre le philosophe
de Mario Meunier, Éd. Véga, Paris 1931.
(19)
Ces clefs correspondent douze burûj
nommés Demeures (manâzil)
auxquelles il faut intégrer les douze Maisons (buyût).
(20)
Ceci peut aider à dissiper la confusion entretenue par les partisans actuels du
“Zodiaque des Constellations” (astrologie sidérale) qui s’érigent contre le “
Zodiaque des saisons”. Le “Zodiaque des Constellations”, comme l’a dit Titus
Burckhardt, est en conformité avec l’esprit de la cosmologie hindoue. Pour l’Islâm, et les traditions juive et
chrétienne médiévales intégrant l’Hermétisme, la sphère céleste (al-manâzil al-falakiyyah)
rassemble les Demeures formées après la “descente des étoiles” (et non par la
“descente des étoiles”) c'est en effet dans le Ciel de ces Demeures que sont
projetées les douze Tours du zodiaque dans la « Sphère des fixes »,
(voir chap. 198 des Futûhât al-Mekkiyyah).
(21) Dans l'ordre
de production des Signes cardinaux, les éléments sont : le Feu, l'Eau, l'Air et la Terre.
(22) Le « Temps de la Résurrection »
commence avec l'Islam et I’« Avènement de la Balance » ; voir la traduction du
chap. 12 des Futûhât al-Mekkiyyah, Les Sept
Étendards du Califat (C.A. Gilis, chap. XXI, Éditions
Traditionnelles). Ce « Temps zodiacal » est défini par Ibn ‘Arabî comme « la Poitrine du temps ».
Voir également :
« Les mystères de la lettre Nûn » dont le symbolisme est mis en
relation avec la 14ème lettre de l’alphabet sanskrit, (chap. XXIII
des Symboles fondamentaux de la Science
sacrée, René Guénon, Éd. Gallimard, 1960). La Balance, seul Signe
d'Air, Cardinal, Chaud et Humide, s’accorde pour le shaykh al-akbar, avec
l’abondance de la science de la umma du Prophète Mohammad (‘a s). En effet, le “Sec”,
contractif, tend vers la solidification tandis que l’“Humide”, de nature
expansive, tend vers la solution et la fécondité.
(23) D’un point de vue spirituel, l’“Exaltation” est
supérieure au “Trône”, à l’inverse de ce qui doit être considéré dans la pratique de l’astrologie
généthliaque et prédictionnelle.
(24) Saturne (qui est en Exaltation dans
ce Signe) possède entre autre
signification celle de “faire le
bilan” au terme d’une période.
(25) Trois ans avant la mort du
Prophète Muhammad (‘a s), le
calendrier soli-lunaire a été aboli par le calendrier lunaire. Il était
constitué d'un cycle de 24 ans et comprenait 9 embolismies soit un cycle de 297
lunaisons. (L'embolismie est l'intercalation d'un mois dans le calendrier des
grecs afin de rétablir la concordance de l'année lunaire avec le cours du
soleil). Dans le Coran, le mois
intercalaire est appelé al-nasiyyu (Al-Tawbah, 37 ; C., 9). La prédominance de l'astre lunaire dans la civilisation
arabo-islamique doit-être prise en considération pour l'interprétation cosmologique. Pour le système lunaire des 28 Demeures et ce qui se rapporte à l'astrologie
lunaire, voir Michel de Socoa (Luc Benoist), La
Part
de fortune, Éditions
Traditionnelles ; Robert
Zoller, La clé perdue de la Prédiction, les parts arabes en
astrologie, Éd. Dervy-livre.
(26) En astrologie généthliaque, le Bélier exprime la
personnalité d'un être ou la nature foncière d'un événement.
(27) Dans le Ilm
an-nujûm, sa désignation est azwajah, terme arabe signifiant les épouses. La Domification
astrologique s’effectue par l’intersection de l’arc diurne et nocturne produit
par le parcours de l’Ascendant selon son ascension droite (parallèle à
l’équateur) avec la Méridien, déterminant ainsi douze cercles horaires, que
l’on peut projeter et calculer à partir d’un lieu terrestre quelconque.
(28) Si l'on envisage la Domification de l’axe reliant
l’Ascendant (Maison I – Bélier) au Descendant (Maison VII – Balance), nous
pouvons interpréter, du point de vue de l’astrologie mondiale, les
significations de la Maison VII comme significatives des conquêtes de l'Islam.
(29) C’est proprement la réalisation totale de l’Islâm par le moyen du Jihad al-akbar.
(30) Une trentaine de fois sur les 68 mentions du terme jihad dans la Coran
(31) Si nous localisons cette conjonction sur le point
vernal à 0°du Bélier, nous avons la représentation du principe métaphysique de
l'Astrologie lunaire ; cependant, Il n’y a véritablement conjonction que
si l’on considère le cercle zodiacal selon une orbite planétaire parfaitement
circulaire, c'est-à-dire n’ayant qu’un seul foyer, ce qui ne peut être le cas
dans les conditions du monde sensible où l’orbite planétaire résulte de
l’activité d’un double foyer ( voir la note 1, p. 136, chapitre XX du Règne de la Quantité et les Signes des Temps) : « On peut donner ici comme
exemple le mouvement des corps célestes, qui n’est pas rigoureusement
circulaire, mais elliptique ; l’ellipse constitue une première
“spécification” du cercle par dédoublement du centre en deux pôles ou “foyer”
suivant certains diamètres qui jouent dés lors un rôle “axial” particulier, en
même temps que tous les autres diamètres se différencient entre eux quant à
leur longueur. Nous ajouterons incidemment à ce propos que, les planètes
décrivant des ellipses dont le soleil occupe l’un des foyers, on pourrait se
demander à quoi correspond l’autre foyer ; comme il ne s’y trouve
effectivement rien de corporel, il doit y avoir là quelque chose qui ne peut se
référer qu’à l’ordre subtil (…) ».
(32) Étant donné le
déplacement du Soleil relativement au point vernal, chaque lunaison se produit
successivement dans un Signe différent, procurant ainsi aux Maisons de
l'astrologie lunaire une pérégrination incessante. A cette course, indéfinie par nature, correspond le devenir
humain qui s'interprète alors en référence à la permanence des significations liées aux Demeures représentant autant de
déterminations cosmiques.
(33) La
correspondance de cette Demeure (appelée en arabe al-simâk) préfigure le développement de la
lettre nûn ;
elle doit être mise en rapport avec la suite du parcours solaire, selon les
significations symboliques spécifiques à cette dernière. Sa présence dans ce
secteur du Zodiaque indique le point de
partage entre les deux nûn
mentionné par Ibn arabî ; voir les données rapportées par ‘Abdelbaqî Meftah,
Ibid.
(34) Voir le fasl 381 du Kitab
al-Tafhim li- Awal'il Sina 'ah al- Tanjim d'Ahmed Al-Bîrûnî : « (...)
Mais la nature lunaire est modifiée selon sa situation en quartiers en raison
de la chaleur reçue par les rayons solaires. Comparée avec les saisons de
l'année, la première semaine revient au printemps inclinant vers la chaleur et
l'humidité. La seconde à l'été, inclinant vers la chaleur et la sécheresse. La
troisième après l'opposition revient à l'automne, inclinant vers le froid et le
sec. Et la quatrième revient à l'hiver, inclinant vers le froid et l'humidité
». La considération n'est valable ici que
sous le rapport de la Qualité active (Cf. première
partie) ; la Qualités passive devant s'inverser puisque les burûj sont déterminés par le Soleil (3×4) et non par la
Lune (× 28) comme c 'est le cas pour les Demeures.
(35) « L’année
1300 marque pour Dante le milieu de sa vie (il avait alors 35 ans), et elle est
aussi pour lui le milieu des temps… » (Voir le chapitre VIII de L’ésotérisme de Dante ; René
Guénon, Éditions Traditionnelles, Paris 1939).
(36) “Astre” et
“Être” proviennent de la même racine ; le symbole de leur identité
s’actualise par la conjonction mensuelle de la Lune avec l’astre solaire pour
tous les êtres de la manifestation.
NOTE ADDITIONNELLE
Extrait du commentaire signé T. de l’Archéomètre de Saint-Yves d’Alveydre, publié
dans La Gnose ( n° 9, Juillet-Août,
année 1910) :
« Les quatre
triangles dont nous venons de parler sont ceux des quatre éléments : le
premier, dont le sommet est en haut, est le triangle de Terre ; le second, dont
le sommet est en bas, le triangle d'Eau ; le troisième, dont le sommet est à
gauche, le triangle de Feu ; et enfin le quatrième, dont le sommet est à
droite, le triangle d'Air […]. Les douze signes du Zodiaque correspondent trois
par trois aux quatre éléments pris dans l'ordre suivant : Feu, Terre, Air, Eau.
Ces douze signes sont les domiciles des sept planètes ; chaque planète a un
domicile diurne et un domicile nocturne, sauf le Soleil et la Lune qui n'ont
qu'un seul domicile chacun. Le Soleil étant considéré comme essentiellement
diurne, et la Lune comme essentiellement nocturne, les planètes diurnes et
nocturnes alternent régulièrement sur le parcours de la circonférence. On voit
que les triangles de Feu et d’Air contiennent toutes les planètes diurnes, et
que les triangles de Terre et d’Eau contiennent toutes les planètes
nocturnes ; il importe de remarquer que ces derniers sont justement les
deux triangles principaux. »